Portrait

Posted by Simon-Pierre S. SILIADIN, With 0 Comments, Category: Mgr HOUNNAKE, Étiquettes : , , , ,

Mgr HOUNNAKE

Prêtre de Jésus-Christ, il est de taille courte. Homme robuste, épaules carrées, la tête peu grosse, il a un front large. Son visage ovale constamment

riant ou souriant loge un nez épaté, une grande bouche, avec un regard intelligent, respirant et transpirant bonté et générosité, amitié et amabilité. Quand  lui parvint la nouvelle de sa nomination épiscopale en 1994, le père HOUNNAKE était Directeur National de l’Enseignement Catholique. Une mission qu’il assumait tranquillement, à cœur et joie, passionné qu’il était des études. Armé de cette passion, le père Victor HOUNNAKE a réussit en six années d’études (1976-1982) à décrocher à l’Université Catholique de Strasbourg (France) :

  • un doctorat en Théologie Pastorale,
  • un D.E.S.S (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées) en Pédagogie Religieuse,
  • un D.E.A (Diplôme d’Etudes Approfondies) en Théologie catholique
  • un D.E.A en Philosophie
  • un D.E.A en Sociologie des conflits,
  • un D.E.A en Sciences de l’Education,
  • une Licence ès Sciences historiques.

Tout cela le pose intellectuellement et sa personne, dont on se passerait difficilement, force à l’admiration. Mais lui était tout simple et ne s’en doutait donc de rien d’autre ; ce qui explique sa grande surprise lorsqu’il apprît la nouvelle de son épiscopat. Et, le jour de leur ordination (le 15 octobre 1994), il n’a pas manqué d’affirmer publiquement : « La nouvelle de notre nomination est tombée brusque comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. » Notons ici au passage, qu’il a été ordonné au même moment que Messeigneurs Ernest ASSIH (Kara) et Pierre SESHIE (Kpalimé), nommés tout comme lui, le 20 juillet de cette année-là. Et l’intronisation de Mgr Victor sur le siège épiscopal d’Aného eut lieu le 29 octobre 1994.

 

L’heure de Dieu au monastère de Zogbégan

En effet, nous étions en pleine retraite spirituelle sacerdotale quand le Nonce apostolique fit son apparition, comme pour partager une journée de prière avec le clergé réuni autour de l’Archevêque, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro. En réalité, c’était pour soumettre  discrètement, à deux confrères, les pères HOUNNAKE et SESHIE, la proposition-décision du Saint père de les placer à la tête de deux diocèses en création : Aného et Kpalimé. Personne ne se doutait de rien, puisqu’un grand secret entoure toujours ces consultations.

Il sonnait midi ce jeudi-là où le Saint Sacrement était exposé dans la chapelle des moines. On s’y était rendu pour l’office du milieu du jour qui devait être suivi du déjeuner. Le père HOUNNAKE n’était pas au repas. Il est resté à genoux devant le Saint Sacrement toute la journée. On ne comprendra cette adoration prolongée qu’après l’annonce de la nomination.

 

La relecture d’une dévotion

La rencontre avec le Nonce a déclenché le grondement des eaux du torrent dans le père HOUNNAKE. Il prit alors le chemin de Gethsémani. Avec la charge de l’épiscopat, il se voit devant une destinée tragique. Dès qu’il était sorti de la chambre du Nonce, ses sentiments s’assombrirent. Saisi de frayeur, il ressent l’angoisse et l’effroi. Dans une contemplation ininterrompue, il adore et supplie pour discerner la volonté de Dieu.

Après ce face-à-face, il se lève, se livre librement pour boire le calice que le Christ, Grand Prêtre lui tend. Cette coupe, d’ailleurs, il l’a acceptée depuis, en allant au sacerdoce ministériel, lequel lui a été conféré le 02 janvier 1966 à Afagnan-Gbleta. C’est justement là où il naquit le 06 juin 1937, 5ème d’une famille de 12 enfants.

Après ses études  primaires, il fit le collège (6ème en 3ème) à Togoville de 1952 à 1956. De 1956 à 1960, il fut au Petit Séminaire de Ouidah au Bénin les classes de la 2nde à la Terminale.  Dans la même ville, il poursuivra les études philosophiques au Grand Séminaire Saint Gall. Son ministère sacerdotal, le père HOUNNAKE le débuta comme Vicaire Coopérateur à la Paroisse des Saints Apôtres  Sts. Pierre et Paul à Aného, laquelle deviendra 28 ans plus tard, sa Paroisse-Cathédrale. Mais entre temps, il a été Professeur, Directeur spirituel au Petit Séminaire Saint Pierre Claver de Lomé Tokoin. Après ses études supérieures, il fut successivement Curé Doyen d’Aného, Directeur Diocésain des Œuvres et, comme annoncé plus haut déjà, Directeur National de l’Enseignement Catholique au moment où lui parvint l’appel à l’Episcopat.

Un homme simple, au service du peuple

Même avec cette nomination,  Monseigneur HOUNNAKE ne se prend la tête  ni ne s’enfle d’orgueil. Il plonge au contraire son regard dans le regard pénétrant et purificateur du Christ. Quand l’élu se tourne vers ceux qui lui présentent leurs félicitations, c’est pour leur demander de prier pour qu’il soit doux et humble de cœur, simple et serviteur inutile en laissant toute la place au Maître qui a appelé et qui l’appelle. Simplicité et service sont vraiment de son goût comme nous le lisons dans cet extrait du premier message qu’il a adressé au peuple chrétien du diocèse d’Aného : « Voici qu’apparaît à nouveau pour nous tous, l’aurore des jours d’espérance, l’espérance d’une fraternité vraie, profonde, sans frontières, dans le partage, le service, le respect de la vie des individus, des personnes et des groupes humains, dans la paix qui vient de la vérité, de la justice et de la liberté. » Ses armoiries en attestent  aussi bien. A les considérer, on se rend compte que le pasteur du nouveau diocèse :

  • n’oublie pas ses humbles origines. Il est attaché à son village natal, à la terre et les produits agricoles en sont les témoins. Il est appelé à nourrir son peuple.
  • croit que le croissant symbolise un véritable changement et une nouvelle naissance. Le peuple qui lui est confié doit ressusciter.
  • se sait annonciateur de la Parole de Dieu, laquelle Parole s’identifie au « Verbe fait chair», le Fils de Dieu.
  • n’ignore pas qu’il est successeur des Apôtres et qu’il est curé ou pasteur propre de la cathédrale dédiée aux saints Apôtres Pierre (que symbolise la clé) et Paul que symbolise l’épée).
  • scelle cet ensemble avec la devise : « Qu’ils te connaissent, qu’ils soient un. » L’Evêque, ferment d’unité, doit travailler à communiquer la vie de Dieu aux fidèles. Il s’agit de la vie en plénitude, c'est-à-dire, la vie éternelle qui consiste à connaître le Père de Jésus-Christ, Créateur du ciel et de la terre, le seul Dieu, le vrai Dieu et de connaître son Fils, Jésus Christ, celui que le Père a envoyé.

Le pasteur aux divers titres

Le monde de Monseigneur HOUNNAKE est aussi un monde de douceur et de modestie. Son profil, avec des mollets solide et des bras puissants, donnait une impression de santé florissante et de force physique ferme. Ce corps noble, beau et droit offrait, à la vue des gens, une poitrine dégagée d’athlète. Il n’est pas superflu de répéter ce qui a été déjà dit sur la vie de Monseigneur HOUNNAKE : un prêtre, un évêque, un pasteur, un homme de cœur que l’Eglise a envoyé sur tous les fronts pour le service de ses frères et de ses sœurs. S’il fallait rédiger un écriteau avec les titres qui découlent des études faites par le père HOUNNAKE, on alignerait les dénominations suivantes : Docteur, Théologien, Pasteur, Pédagogue, Philosophe, Educateur, Sociologue, Historien, Anthropologue.

Ce prêtre possède une formation scientifique solide, doublée d’une valeur religieuse exceptionnelle.

Parmi les écrits laissés par ce prélat de renom, nous pourrons retenir, au passage ce qui suit : « Or, je vous l’ai dit et je vous redis : ce que vous appelez la fin de la vie n’est que le début non seulement d’une autre vie, mais d’une vie autre… Pour vivre, pour renaître, il faut mourir… »  Et quand lui-même quittait cette terre le 04 août 1995, pour la maison du Père, âgé donc de 57 ans, il comptait 29  années de sacerdoce dont juste  une année d’épiscopat.

Voilà la figure  de celui qui fut le 1er Evêque du diocèse d’Aného : Monseigneur Victor Kokoevi Dovi HOUNNAKE. On le découvre bien : Prêtre et Pasteur, il est d’une personnalité toute branchée à Jésus le Christ, notre Seigneur, à Marie, sa Vierge-Mère et à l’Eglise, son Corps mystique, avec une attention particulière au Peuple de Dieu. Depuis la Maison du Père céleste où, nous le croyons, il est accueilli depuis 19 ans déjà, que sa prière s’élève encore en faveur de notre Eglise particulière. Puisse-t-elle devenir, à partir de ce Jubilé de Porcelaine de son érection, une aire de renouveau-de-vie à la gloire de Dieu et au salut de tous ses enfants.

R.P: Pierre AMEDJONEKOU

Laisser un commentaire