Pour le Carême 2020

 À tous les Prêtres,

Aux Frères et Sœurs de la Vie consacrée,

À tous les fils et toutes les filles du diocèse d’Aného,

À vous tous, paix et joie de la part de Notre Seigneur Jésus Christ !

Bientôt le Carême ! Ce temps fort, exceptionnel et privilégié de grâces nous est proposé chaque année pour revisiter et mieux soigner notre relation avec Dieu et l’Homme, en vue de « célébrer avec un cœur renouvelé le grand Mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle et communautaire. »

Pour cette année 2020, le Saint Père François nous exhorte à nous laisser interpeller par la pressante invitation que Saint Paul adressait aux chrétiens de Corinthe : « Nous vous en supplions au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20).

La réconciliation avec Dieu passe par une démarche de conversion libre et sincère à l’exemple du fils prodigue de l’évangile : « Oui, je me lèverai et j’irai vers mon Père ». Dieu, représenté dans la parabole par le père du fils prodigue, se met aussi en mouvement pour accueillir, embrasser et rétablir dans son amour miséricordieux le pécheur repenti. Et cela advient dans le grand mystère pascal, le mystère de la passion-mort-résurrection de son Fils, Notre Seigneur Jésus Christ : Oui, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique, afin que, quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16)

Dans cette perspective, le Pape François écrit : « Il est salutaire de contempler plus profondément le Mystère pascal, grâce auquel la miséricorde de Dieu nous a été donnée. L'expérience de la miséricorde, en effet, n'est possible que dans un ‘‘face à face’’ avec le Seigneur crucifié et ressuscité « qui m'a aimé et s'est livré pour moi » (Ga 2, 20). Et à chaque chrétien, il redit ces mots qu’il a déjà adressés aux jeunes dans l'Exhortation Apostolique Christus vivit : « Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore. Et quand tu t’approches pour confesser tes péchés, crois fermement en sa miséricorde qui te libère de la faute. Contemple son sang répandu avec tant d’amour et laisse-toi purifier par lui. Tu pourras ainsi renaître de nouveau » (CV, n. 123).

La contemplation du Saint Mystère pascal nous introduit dans un dialogue de cœur à cœur, d’ami à ami avec Dieu à travers la prière et la méditation de sa Sainte Parole.

« La prière, écrit le Pape, exprime le besoin de correspondre à l'amour de Dieu qui nous précède et nous soutient toujours. Elle creuse en nous jusqu’à réussir à entamer la dureté de notre cœur, afin de le convertir toujours plus à lui et à sa volonté. » Nous puisons, en effet dans la prière, la force de résister au mal, de nous affermir dans le bien et de nous rapprocher davantage de Dieu. Je souhaite vivement que ce temps de carême soit pour chacun de nous une occasion propice d’intensifier sa vie de prière, notamment par l’adoration eucharistique ou des visites régulières au Très Saint Sacrement de l’Autel où le Seigneur nous attend,  nous accueille, nous écoute, nous purifie et nous prodigue grâces sur grâces.

Pour hâter notre conversion et notre réconciliation avec Dieu, le Saint Père François nous recommande aussi la lecture méditée de la Parole de Dieu, « la Lectio divina », comme un rendez-vous de foi, d’espérance et d’amour avec le Seigneur au désert :

« En ce temps favorable, nous dit-il, laissons-nous donc conduire comme Israël dans le désert (cf. Os 2, 16), afin que nous puissions enfin entendre la voix de notre Époux, pour la faire résonner en nous avec plus de profondeur et de disponibilité. Plus nous nous laisserons impliquer par sa Parole, plus nous pourrons expérimenter sa miséricorde gratuite envers nous. »

Ne rendons donc pas vaine la volonté passionnée de Dieu de dialoguer avec nous. Au cours de ce carême, consacrons davantage de temps à la Parole de Dieu, seul, en famille ou en petits groupes organisés, soit dans les CCCB, soit en paroisse, au sein des mouvements et associations. Que les prêtres veillent à nourrir davantage le peuple de Dieu de la Parole en soignant au mieux leurs prédications et en suscitant chez les chrétiens le désir d’une approche personnelle des Saintes Ecritures.

 Par ailleurs, une authentique démarche de conversion et de réconciliation avec Dieu fondée sur la contemplation du Mystère pascal ne saurait se dissocier d’un réel engagement envers l’Homme, d’une ouverture de soi au prochain. Elle nous pousse nécessairement à rejoindre le Christ dans nos frères et sœurs qui sont en situation de détresse. Le Pape nous dit, en effet : « La Pâque de Jésus n'est pas un événement du passé : par la puissance de l'Esprit Saint, elle est toujours actuelle et nous permet de regarder et de toucher avec foi la chair du Christ chez tant de personnes souffrantes… Mettre le Mystère pascal au centre de la vie signifie éprouver de la compassion pour les plaies du Christ crucifié perceptibles (chez tous ceux qui souffrent)… Aujourd'hui encore, il est important de faire appel aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour qu'ils partagent leurs biens avec ceux qui en ont le plus besoin en faisant l'aumône… »

Oui, faisons en sorte que la pratique de l’aumône et du jeûne pendant ce carême 2020, soit pour chacun de nous, et mieux que par le passé, le témoignage vivant et l’expression significative de notre communion et de notre charité à l’égard des malades, des pauvres, et de toute personne en proie à la faim et à la souffrance, en commençant par nos maisons, nos familles et nos CCCB. Redynamisons, à cet effet, nos commissions paroissiales de l’OCDI-CARITAS. N’oublions jamais que Notre Seigneur s’identifie au pauvre et se voit destiner le moindre geste de charité accompli vis-à-vis du malheureux : « j’avais faim, vous m’avez donné à manger, j’avais soif, vous m’avez donné à boire, … ; chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (cf. Matthieu 25, 31-46).

Pour terminer, je vous exhorte à intensifier vos prières pour notre diocèse, en cette année de grâce où nous célébrons le Jubilé d’argent de sa création, afin que se concrétisent les intentions que nous portons et que se réalisent les projets que nous formons tant pour sa croissance spirituelle que pour son autosuffisance financière et économique. Resserrons davantage nos liens d’unité et de fraternité pour ensemble relever les nombreux défis auxquels notre Église Famille de Dieu est confrontée. Continuons aussi à prier avec ferveur pour notre pays, le Togo, la Terre de nos aïeux, et pour tous ceux qui l’habitent en cette période décisive de son histoire. Que Notre Dame du Lac-Togo, Mère de la Miséricorde et Reine de la Paix intercède pour nous.

Je reste en communion avec vous tous, et vous souhaite un fructueux temps de préparation à Pâques, dans une joyeuse réconciliation avec Dieu et le prochain, pour une vie chrétienne plus épanouie et davantage ornée des fruits de l’Esprit (cf. Ga 5, 22-23).

Fait à Aného, le 25 février 2020

+Isaac-Jogues K.A. GAGLO

Evêque d'Aného