Clôture de l’année pastorale 2019-2020

Clôture de l’année pastorale 2019-2020

Posted by Simon-Pierre S. SILIADIN, With 0 Comments, Category: Mgr GAGLO, NOS EVEQUES,

DISCOURS DE L'EVEQUE DIOCESAIN

Chers tous,

Mgr GAGLO

Notre cheminement de foi en cette année pastorale a été ardu et nul n’aurait pu tenir sans notre volonté commune et la grâce de Dieu. Nos façons habituelles de d’organiser nos paroisses, les activités des associations, des congrégations ; des groupes de prière, des CCCB, notre façon habituelle de célébrer, de prier, ont été modifiées et remises en question par une présence invisible qui a transformé notre vie quotidienne en terrain d’adversité. Ce n’est pas une affaire individuelle, familiale, d’un groupe social spécifique ou d’un pays. Les propriétés du virus ont fait s’effondrer notre logique de classe sociale, de race ou de religion et personne ne peut penser à s’en sortir seul. Nous sommes tous concernés.

Plusieurs fois, en méditant sur cette aventure dangereuse dans laquelle malgré nous, nous avons été embarqués, je revois l’épisode biblique de la mer agitée, du sommeil de Jésus dans la barque, de la peur des disciples qui le réveillent en fracas : « Ça ne te fait rien que nous périssions? » Jésus, à son réveil, s’adresse à la mer et au vent. Jésus se lève et la tempête s’endort. Ce n’est qu’après cette action qui a rassuré les disciples que Jésus se retourne vers eux et leur demande : « De quoi aviez-vous peur ? Vous n’avez donc pas encore la foi ? »

Dans ce récit, Jésus lie explicitement à la foi, la Providence divine qui veille sur nous jour après jour. Le Seigneur est dans la barque, gardons courage. Cette année pastorale est pleine d’enseignements. Ce fut certainement un chemin difficile pour tout le monde et il me plait de souligner certains points que j’estime importants, en relation avec cette pandémie bouleversante.

1-La réalité humaine et pastorale face à la pandémie

Notre réalité quotidienne est marquée depuis plusieurs mois par la perte de contact humain : c'est la perte de la relation avec les autres, séparés des amis, des voisins, des collègues et même - pour beaucoup - de leurs propres parents ; les petits enfants ont souffert et les adultes encore davantage précisément parce que beaucoup se sont enfermés dans la peur de sortir, de se rencontrer. L’irruption des masques et des gestes barrières dans notre vie de chaque jour nous contraint à adopter d’autres façons de vivre et de concevoir les relations humaines. Au départ, nous pensions tous que cela durerait quelques semaines au plus, mais la réalité dépasse l’imagination. Un virus invisible a touché l'âme de la vie communautaire et à partir de cet instant, les gens se regardent avec peur, pensant que la contagion pourrait provenir de leurs proches et de leurs amis ; le virus a affecté les relations entre les gens et la vie communautaire.

2- L’impuissance face à certaines situations

J’ai ressenti la douleur de certaines personnes incapables de donner dignement un dernier adieu  aux personnes emportées par le virus. Comme je le disais plus haut, elle ne s’éloigne pas de mes pensées, l’image des communautés chrétiennes déboussolées, abattues, se posant des questions, des adultes et des enfants frustrés de ne pas pouvoir aller célébrer dimanche ensemble, en communauté.

Je revois encore la peine qui nous a envahis durant tout le cheminement de carême jusqu’à la célébration de la Pâques. La Semaine Sainte et ses grandes cérémonies, et j’en passe… Les paroisses ont été les premières à être touchées par les mesures de l’état d’urgence, mesures qui étaient certainement nécessaires même si elles ont généré la désorientation, la peur, la colère et la déception.

Ces mois ont été un baromètre ou si vous préférez un test décisif de la maturité spirituelle du peuple, des communautés, des consacrés, des pasteurs. De nombreuses communautés paroissiales ont essayé de mettre en place des plateformes numériques pour garder le lien de la foi. Il y a eu un lien fort entre la liturgie et l’internet.

Peut-être là encore, nous devons reconnaître que nous nous sommes contentés de diffuser les célébrations sans chercher à approfondir une formation à la liturgie domestique incluant l’appréciation plus forte et plus significative du sacerdoce commun qui appartient à tous les laïcs.

En tant que Pasteurs ayant charge d’âme nous  avons certainement pris quelques initiatives sur nos paroisses pour répondre à la situation, et c’est fort appréciable. Cependant avons-nous saisi cette opportunité pour aider les familles confinées à approfondir et retrouver la spiritualité de la Parole, de la Bible, de l’Eglise domestique, du rôle de catéchistes des parents, premiers éducateurs dans la foi.

En effet, du jour au lendemain, nos catéchumènes ont été privés de leur rencontres catéchuménales hebdomadaires….il nous a fallu trouver des voies de secours, nous n’étions pas préparés, nous n’y avions pas pensé…

La voix du pape François a été véritablement prophétique ces derniers mois, nous rappelant que Jésus ne nous a jamais laissés seuls. Le Seigneur a entendu notre cri de douleur, il nous a toujours accompagnés comme les deux disciples d'Emmaüs. Il est nécessaire de repartir de la Parole, la seule qui puisse nous aider à comprendre et à interpréter notre expérience, ce qui nous est arrivé et qui continue de nous confiner dans des restrictions.

3-De l’urgence de la pandémie est née l'urgence de la compassion

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde », nous dit Jésus. De l’urgence que nous avons vécue et que (ne l’oublions pas) nous vivons encore, il y a une urgence pour tous : la compassion et la souffrance avec les autres. L’expérience de ces mois représente un tournant : la communauté chrétienne est appelée à un chemin de régénération, car elle est ramenée de plus en plus à l’essentiel, je veux dire la foi.

C’est pourquoi la pastorale de l’après Covid-19, je le dis avec conviction et nous allons y travailler les prochains jours, la pastorale de l’après Covid-19 disais-je,  ne doit plus être comme la pastorale d’avant. L’après Covid-19 appelle à réinventer des chemins pastoraux nouveaux, en tenant compte de plusieurs facteurs qui nous ont démontré à suffisance nos forces et nos faiblesses, notre capacité d’adaptation et nos peurs, notre soif de la pratique chrétienne et la tiédeur de la routine dans laquelle certains ont fini par s’installer, la vanité de nos mésententes et l’urgence de la réconciliation, la différence entre le vital enracinement dans la foi et la foi vécue de façon légère et aléatoire.

Cette pandémie nous a montré que nous devons  prendre au sérieux le renouveau que le pape François prêche depuis le début de son pontificat. Nous devons reprendre en main la foi personnelle et communautaire, accentuer notre manière d'être une véritable Église- famille où personne ne se sent abandonné ou négligé. Nous avons insisté sur cette pastorale sociale et caritative au cours des travaux du synode diocésain.

Nous avons vu ces derniers mois de beaux gestes de solidarité et de charité, mais ce n’est pas tout, cela ne suffit pas. Il est vrai qu’il  faut partager, être présent aux autres, à ceux qui souffrent, à ceux qui pleurent et qui vivent une situation inhumaine. Oui à la charité, à la générosité, au don de soi, mais surtout, oui au témoignage chrétien, à la vie intérieure, à la prière personnelle et familiale, au témoignage enraciné dans l’Esprit Saint pour éviter que nos efforts ne deviennent des actes qui se succèdent automatiquement, sans cœur, sans l’impact chrétien que nous sommes appelés à diffuser et à montrer.

Il nous faut une conversion pastorale, un changement de cap qui tienne compte des besoins du peuple de Dieu que nous devons continuer de servir en tout temps.

Et pour nous éclairer sur les décisions pastorales à prendre pour la prochaine année pastorale, nous nous laisserons encore guider par le magistère de l’Église et la vision du Pape François, dont le leadership est très remarquable au cœur de cette pandémie.

Chers Pères,

Je  dis merci à chacun de vous pour votre contribution en cette période de crise sanitaire. Personne n’est resté en dehors de ce combat. Tous, vous avez voulu faire bouger les choses comme on dit. Vous avez dit non à l’inertie, à l’immobilisme, à la fatalité. Vous avez été inventifs, j’ai admiré votre collaboration et votre sens du devoir. J’ai noté avec admiration l’engagement des communautés religieuses, des laïcs qui continuent de se mobiliser et de se rendre disponibles dans un contexte sanitaire délicat. Je dis merci à nos catéchistes et fidei, à notre jeunesse et aux enfants. Vos prières et sacrifices, vos larmes et votre espérance ont permis à notre diocèse d’affronter cette situation au cours de l’année pastorale qui s’achève. Ne soyons pas préoccupés des résultats pastoraux obtenus. Ils ne sont pas grandioses je le sais. Cependant ils sont exceptionnels et méritent d’être salués.

Dans l’attente de nous revoir pour continuer le chemin vers la patrie céleste, je souhaite un bon temps de repos et de ressourcement à vous tous ainsi qu’à tous les agents pastoraux dont je salue l’implication inestimable dans ce combat contre le virus.

Je n’ignore pas que ces vacances-ci seront exceptionnellement limitées en termes de voyage, mais où  que vous irez, restez vigilants et observez sans relâche les mesures prescrites par les autorités sanitaires compétentes.

Je vous remercie encore pour le travail accompli au cours de cette année particulière qui a marqué l’histoire récente de l’Eglise. Nous devons en tirer des leçons et nous adapter pour surmonter le choc que de tous mes vœux j’appelle chacun à transformer en opportunité pour mieux servir le Seigneur et le peuple qu’il nous a confié. Mes pensées rejoignent nos prêtres à l’étranger, ceux qui ont des ennuis de santé, ceux qui, peut-être traversent des moments personnels difficiles. Mes prières vous accompagnent tous et je me confie aux vôtres.

 

Dispositions pratiques

Voici quelques dispositions pratiques pour ce temps de vacances :

 

  1. Exceptionnellement cette année, tous les séminaristes feront leur stage dans leur paroisse respective sous la responsabilité des curés et administrateurs paroissiaux qui en produiront un rapport à remettre à l’équipe chargée des séminaristes. Mais les rapports des séminaristes du moyen séminaire Saint Daniel Comboni de Vogan seront envoyés directement au P. Recteur de ladite institution.
  2. La fin des vacances est fixée au lundi 14 septembre et la rentrée pastorale au mardi 22 septembre 2020 à 9h00 au CAM.
  3. Si Dieu le veut, la collation des ministères aura lieu le samedi 26 septembre 2020, tandis que les ordinations diaconales seront célébrées à la Cathédrale le samedi 19 septembre 2020 à partir de 09h comme d’habitude, si tout va bien.

Que par l’intercession de Notre Dame du Lac Togo ainsi que des Saints Apôtres Pierre et Paul, notre identité sacerdotale s’affermisse davantage et soit vécue dans la joie du service.

Par ces mots, j’annonce la clôture de l’année pastorale 2019-2020.

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